Les clefs du toucher

 

 


Séance type de méditation


Assis, à l'aise, en détente, posé dans le corps , le dos droit.
Ralentir la respiration, gonfler le ventre à l'inspiration.
Fermer les yeux.

Observer en soi en spectateur. C'est un regard sur soi, sans intentions particulières, sans attente.
Des sensations, des ressentis sont là dans le corps. Observer. Laisser faire.
Des pensées se manifestent, observer sans les retenir les pensées qui viennent, les laisser passer.

.............. Ca y est ! vous êtes en train de méditer.


Introduction


La méditation est un état de conscience que nous avons tous vécu par instant devant un paysage, une musique,
une atmosphère, dans une relation amoureuse, dans un contact humain, dans le sport aussi, etc..

C'est un moment où on s'est senti comme transporté dans un état de transcendance, de dépassement de soi.
Un instant qui s'accompagne d'un sentiment de plénitude, de forte présence à soi ou de sérénité.

Par une pratique régulière de la méditation, avec ce travail de la conscience, on installe une gymnastique psychique
qui permet de vivre ces moments intérieurs de transcendance, de renforcer nos capacités de présence, de plénitude,
d'amour et de sérénité.
Cela va développer nos aptitudes dans notre vie quotidienne à poser notre assise dans le corps, dans la profondeur du corps,
et notre présence dans le coeur, à rester centré sur soi même pour mieux accueillir, gérer et maîtriser les situations.


Faciliter la pratique


Un premier acquis utile à avoir, ce sont les techniques de la relaxation et de la respiration.
On va y combiner une attention prolongée dans le corps, un effet de détente et un relâchement du contrôle mental (comme en yoga).

Avec ces techniques, on va :

1/ Se familiariser avec le mécanisme de placer son attention dans le corps, sur son ressenti, sur ce qui se passe dans le corps.

2/ Apprendre à maîtriser la détente, le relâchement et l'abandon dans le non contrôle.

3/ Mettre en place une respiration régulière, lente et profonde.


Comment méditer


Une posture

Tout d'abord, prendre une posture :

Assis (sur chaise, en demi lotus), immobile, en silence.
Le dos droit (important), le corps relâché en position de détente pour pouvoir rester immobile sans tensions ni crispations.
Les mains posées sur les cuisses, ou par exemple la main droite dans la main gauche, pouces l'un contre l'autre.
Les yeux fermés de préférence.

Nb: la position couchée diminue la vigilance.

Il est préférable de débuter par des séquences courtes, répétées quotidiennement,
puis d'allonger progressivement la durée des séances.


Un travail de la conscience

La méditation est un travail de la conscience, dont le but est d'être soi même.


Méditer, c'est placer sa conscience

Placer sa conscience, son attention en soi, observer et laisser faire.

Observer comme si on était spectateur.

On est centré sur soi. C'est un regard sur soi. C'est une écoute de soi. Un état de réceptivité et d'écoute.

Cela va permettre des prises de conscience de soi. Sous forme de pensées, d'images ou de ressentis.


La conscience va naviguer

Elle va naviguer à différents niveaux de l'être :
dans le corps (c'est la matière), dans le coeur (le ressenti du coeur) et dans l'esprit.

On va distinguer 3 aspects à l'esprit :

1/ Le niveau de l'ego (le moi) :

Où on va observer les pensées qui viennent sans s'y attacher, en les laissant passer,
en leur laissant libre cours sans les refouler, où on va aussi observer les émotions.

Il va s'agir de laisser libre le flux des pensées qui se manifestent, et observer cela.
Ne pas s'y attacher, juste observer.

A noter également la présence du surmoi qui est comme une sorte de gendarme dans notre psyché (issu de notre éducation)
qui surveille les pensées de ce qu'on ne doit pas être, de ce qui nous est interdit.

2/ Le niveau de l'inconscient :

A partir duquel certains contenus vont pouvoir émerger à notre conscience.
Il est composé de l'inconscient personnel et de l'inconscient collectif avec ses contenus plus universels ou archaïques.
Archaïque, c'est par exemple de se retrouver dans un ressenti reptilien ou comme si on était un animal aquatique.

3/ la conscience supérieure :

Par laquelle on peut avoir le sentiment d'une transmission de quelque chose.
Où des idées, des images peuvent apparaître.
Et aussi ce qu'on appelle l'inspiration. Quand nous vient une inspiration créatrice par exemple.
Il est possible de se sentir vecteur de quelque chose qui nous dépasse.


Plénitude et vacuité

On peut atteindre une forme de plénitude ou de vacuité. Le plein et le vide.

Le plein est une présence à soi accrue dans son corps, une densité, une pleine présence.

La présence : le fait de placer sa conscience en soi et d'être observateur dans un laisser faire
permet à la conscience de naviguer librement, aux différents niveaux de soi :
dans le corps, dans l'ego, dans le coeur et dans la conscience supérieure.
On va se sentir grâce à cela davantage soi même et plus présent.

La vacuité est un ressenti qui peut survenir. C'est un détachement, le détachement des pensées de l'ego.
on voit alors les pensées qui circulent.
Comme si une partie A regardait la partie B de nous même qui est en train de parler.
Il peut même y avoir plusieurs discours intérieurs en même temps.

Ce cheminement va peu à peu enlever des voiles, clarifier l'esprit.
Le point entre les deux sourcils, appelé 3ème oeil, va lui aussi s'éclaircir petit à petit.


Le non vouloir

On relâche le contrôle sur soi pour se placer en observateur.
Dans un laisser faire, sans attente, sans intention. C'est le non vouloir.


A ne pas faire

Regarder une bougie fixement, répéter une formulation.
Cela va occuper le champ de conscience de façon hypnotique et rendre la méditation non productive.
Il s'agit simplement d'être soi.

Ce qui est différent de certaines pratiques religieuses tout à fait justifiées où on fixe une représentation de Dieu
pour mieux en pénétrer l'essence, et générer ainsi une source de transformation de soi.


La prise de conscience

On peut distinguer deux directions à la prise de conscience.

1/ La conscientisation de qui nous sommes.
Avec aussi la prise de conscience des zones d'ombres en nous. C'est à dire de ce qui nous dérange, ou nous fait peur,
ou ce qui est de l'ordre du tabou, de l'interdit, et qu'on va avoir tendance à refouler.

2/ l'action de transcendance avec laquelle on va contacter, développer un lien vers une conscience supérieure de soi,
un plan de conscience plus élevé.


Dürckheim

C.G. Dürckheim est un philosophe et psychothérapeute allemand (1896- 1988) auteur de nombreux ouvrages sur la méditation,
qui a étudié la méditation Zen au japon et qui a souligné l'importance du corps dans la méditation.

Voici quelques extraits de son livre "voyage au centre de l'être" (édition Albin Michel) :

La méditation concerne autant le corps que l'esprit.

C'est très important la nature. Rappelez vous : sentir, toujours sentir... pas réfléchir.

La transcendance est le berceau de toute les religions mais n'appartient à aucune religion.

Peu importe ce qu'on fait le premier 1/4 d'heure de la méditation, seul compte le silence qui suit.


Où placer sa conscience pour débuter la méditation

Deux façons à privilégier :

1/ placer sa conscience dans le corps.

2/ placer sa conscience dans le coeur.

On peut faire les 2 en même temps, en choisir une des 2 ou les faire l'une après l'autre.

La méditation zen par exemple débute en fixant son attention sur la respiration.


Placer sa conscience dans le corps

Prendre assise :

Car il ne s'agit pas de détacher l'esprit du corps pour méditer. C'est un élargissement de la conscience à partir du corps.
On prend assise dans le corps. c'est un point d'appui à la méditation, un ancrage.

On place sa conscience dans le corps et on observe. On laisse faire.
On se pose.

La globalité :

La clé de la réussite va être de percevoir la globalité du corps. C'est à dire de sentir toutes les zones du corps en même temps.
Cela va permettre un accès à la profondeur du corps, à la densité de notre présence. On va parler d'un corps "habité".

La non forme :

Gràce à cette perception de la profondeur dans le corps, on va pouvoir y sentir des mouvements, en général plutôt lents.
C'est la perception de la non forme, de la non matière, de l'énergie dans la matière.

Ces ressentis peuvent aussi amener à des perceptions de lumière,
à ressentir l'énergie en volume au delà du corps physique, ou sous la forme d'un mouvement de vague qui nous traverse.

Cette profondeur est source de transcendance, ce qui ne va pas se produire à chaque séance.
On peut rester dans un nettoyage de l'énergie du corps par la méditation , où peu à peu des voiles vont se lever, se dissoudre,
et puis subitement franchir un palier. On va avoir alors une élévation de plan de conscience.

Dans un tel cas, en sortant de la méditation, on sentira l'effet produit sur notre corps par cette élévation de conscience.
Avec un ressenti comme si la matière de notre corps avait subi une transformation.


Placer sa conscience dans le coeur

Je vous conseille à ce sujet "Le livre tibétain de la vie et de la mort" de Sogyal Rinpoché (édition de la table ronde)
et plus particulièrement le chapitre page 251.

La conscience du coeur est le même processus que la prière mais sans l'objet d'une déité religieuse.

Dans la prière, on tourne son regard vers Dieu, on envoie de l'amour, on accueille l'amour de Dieu.

La conscience du coeur est de tourner son regard vers un ressenti de compassion (compassion = amour inconditionnel).

C'est un puissant outil de transcendance mais aussi de canalisation qui peut permettre de développer
des talents de magnétiseur par l'application ou l'imposition des mains.

Cette perception par le coeur renforce également nos qualités de douceur, de tolérance et de bienveillance.

Dans la conscience du coeur, on reste également en position d'observateur et de laisser faire.


Le 3ème oeil

La méditation va peu à peu nettoyer le 3ème oeil, ce qui va donner parfois lieu à des images,
des ressentis, des visions de lumière.


Les cristaux

On peut accompagner sa méditation avec un cristal (qui va servir de catalyseur à l'énergie).
Dans ce cas, on le tient dans le creux de la main.


Approfondissement de la pratique


Présence et lumière

En privilégiant le corps comme lieu où placer sa conscience, on favorise la présence et la densité
dans la matière physique, ce qui amène à un ressenti de plénitude.

Cette présence amplifiée de soi dans la matière fait circuler l'énergie du corps,
ce qui va dissoudre et libérer les zones de blocages énergétiques.

Cela peut permettre aussi de parvenir à des états de vacuité, à des plans de conscience plus élevés,
et à des visions de lumière.

Avec la conscience du coeur, on débouche sur des ressentis de compassion et de lumière.

Dans le bouddhisme tibétain, on parle d'accéder à « la véritable nature de l'esprit ».
On évoque aussi la méditation comme voie pour atteindre la conscience de « la luminosité fondamentale ».

Vous pouvez lire à ce sujet le chapitre sur les bardos dans le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché.
Nb : dans le bouddhisme, on recherche la prise de conscience de l'illumination pour échapper au cycle des réincarnations.


L'ouverture

Plus on va se mettre en état de réceptivité et d'ouverture (nb : toujours dans une écoute neutre, en observateur),
et mieux les énergies vont nous parvenir et nous nourrir.

On peut aller méditer dans la nature pour se mettre au contact des énergies de la terre.

Pour ma part, je préfère plutôt méditer dans un lieu peu éclairé et calme,
plus favorable au regard intérieur et aux possibilités de vision de lumière.


Les plans de conscience

Les visions en couleur sont en général la marque d'un plan de conscience plus élevé.

A l'inverse, les représentations en noir et blanc peuvent correspondre davantage à des plans moins élevés,
plus proche de l'ego et des émotions.


La matière

Avec la conscience du corps, on peut avoir l'impression de rentrer dans la matière physique avec l'esprit.
C'est comme si on pénétrait à l'intérieur de la matière avec la conscience.
On va pouvoir y sentir des mouvements lents, très lents. Avec des sensations de volumes en mouvement.

Il est à noter que cette prise de conscience dans la matière physique va se traduire aussi dans la perception des mains.
Après l'avoir vécu sur soi, en soi, on pourra sentir avec les mains cette profondeur chez les autres, dans leur corps.

C'est pourquoi il n'y a pas vraiment de différence, ni de frontière, entre le toucher et la méditation.
Le toucher appelle à une conscience méditative.

Pour rappel, la clé de cette conscientisation s'obtient par un positionnement dans la globalité corporelle.


Conclusion


La pratique de la méditation nous aide à accéder, révéler et affirmer
la perception de notre nature profonde et de notre nature de lumière.

La méditation est un regard sur soi où on se place en observateur, dans le laisser faire,
en état d'écoute et de réceptivité, en laissant le libre cours du flux des pensées et des ressentis se manifester,
pour accueillir les différents plans de conscience qui s'expriment.

On a vu 4 voies principales d'exploration de soi par la méditation.


1/ La conscientisation de l'ego (le moi)

Avec le fonctionnement mental et émotionnel qui compose notre identité, notre personnalité.
Avec nos zones d'ombres qu'il est parfois difficile d'explorer.
Avec les possibles résurgences de l'inconscient personnel.
Et la découverte de l'inconscient collectif (selon la pensée de C.G. Jung).

2/ La conscience du corps

Avec l'implication thérapeutique sur soi et dans son toucher rendu possible par cette conscientisation.

3/ La conscience du coeur

Avec les ouvertures sur la compassion et la lumière.

4/ La conscience supérieure de soi

Avec l'action de transcendance.
Avec l'accès possible à des plans de conscience plus élevés.
Avec le travail de détachement de l'ego que cela nécessite.


Bibliographie


Dürckheim K.G. (1992). Le centre de l’être. Albin Michel, Paris, 1993.

Rinpoché S. (1992). Le livre tibétain de la vie et de la mort. La table Ronde, Paris, 1993.

Shakti Gawain (1978). Techniques de visualisation créatrice. Vivez Soleil, Genève.

Tondriau J., Devontel J. (1968). Le guide Marabout du Yoga. Marabout service, Verviers.

Van Lysebeth A. (1971). Pranayama la dynamique du souffle. Flammarion, Paris.

Kali, Initiation à la méditation, Paris, 1990.

Kali, Voyance et santé par les chakras et les couleurs, Paris, 1992.

Dolto F.,Sévérin G. (1983). La foi au risque de la psychanalyse. Seuil, Paris.

Jung C.G.(1933). Dialectique du moi et de l’inconscient. Gallimard, Paris, 1964.

Jung C.G.(1961). Essai d’exploration de l’inconscient. Robert Laffont, Paris, 1964.